• Mère ?

    Un titre en interrogation, car je me pose des questions non sur le statut de mère et tout ce qui y affère, car les réponses n'en finiraient pas non plus que les questions qui en découleraient, même en évitant la psychanalyse de bazard.

    Des questions sur l'évolution très très lente de la société... et du regard porté sur la mère au boulot.

    Je ne parle même pas de ceux qui considèrent qu'une mère n'a qu'à rester à la maison. Ceux-là ne vivent déjà pas dans le même monde que moi, donc nous ne parlons pas de la même chose, au-delà du clivage sexiste qui me fait sursauter (et pourquoi pas le père ?), il y a celui financier et la faille machiste qu'on sent poindre chez celui qui porte ce jugement (tiens, le maire du village par exemple, qui fait ce qu'il faut pour que la com-com n'ouvre pas ses moyens de garde avant 8 h du matin, alors qu'il n'y a du boulot qu'à plus de 15 bornes au minimum). Et je ne parle pas du choix consenti d'un des parents de profiter de ces toutes jeunes années des enfants. C'est autre chose.

    En résumé, je parle seulement du regard condescendant qui maximise les p'tits tracas liés aux enfants, et minise le reste. Celui qui pointe les problèmes rencontrés au lieu de les englober dans un ensemble plus intéressant, et dans lequel on mettrait aussi tous les avantages liés  à la fonction maternelle.

    Au moins 7 fois (j'ai zappé les autres fois), je me suis pris dans les dents une remarque sur les absences répétées des mères de jeunes enfants...

    j'ai un peu bossé dans le privé, et j'en ai discuté avec des copines qui y sont, y ont été, y ont d'autres amies... sous certaines conditions comme celle d'avoir un CDI et d'y être à plusieurs, la plupart du temps se met en place un soutien logistique entre jeunes parents (eh oui, pas seulement les mères) : on sait qu'il faudra compenser un peu en travail et en horaire pour celle qui vient d'être mère, mais c'est à charge de revanche. Cela fonctionne d'ailleurs pour la maternité, la paternité, comme pour les maladies et les coups durs de la vie...

    ici tu es tout seul devant la remarque qui sous-entend que tu ne fais pas ton boulot, et qu'on ne peut pas compter sur toi.

    Ben oui, sauf que.

    j'étais là, et plus que là.

    Avec deux enfants en bas âge, tous les deux entrés pour la première année en collectivité, et vivant sous le même toit, il n'est pas difficile de compter : ont été multipliés par 8 les risques qu'ils soient malades !

    Malades ? J'ai fait appel à ma mère, à ma belle-soeur, toutes deux très occupées. L'homme a pris quasiment la moitié des jours à sa charge pour les garder (je dis "quasiment", car étant faible après une grossesse et un accouchement difficile, j'ai choppé la moitié des maladies derrière eux, et été arrêtée pour ça, donc je les ai gardés sur ces jours-là, non imputables donc à des enfants malades). L'homme a choisi avec moi, les jours qui causaient les moins de dégâts à l'un et à l'autre côté professionnel pour poser ses jours : il se trouve donc que j'ai été plus souvent absente le jour où je n'avais que trois heures devant élève, alors que lui en devait 10 à son boulot.

    Malades ? La louloute est allée deux fois à l'école avec une otite, et deux fois avec une angine. A 3 ans... justement pour ne pas se prendre plus de remarques dans les dents.

    Malades ? Le zouzou est allée en nounou puis à la crèche avec ses bronchiolites, en emmenant le Paris boy avec lui, ses corticoïdes et sa ventoline.

    Malades ? La seule semaine d'absence complète, c'est moi qui avait choppé leur gastro... ^^

    Bref, une mère est toujours absente, n'est-ce pas. Eh oui, j'ai effectivement été absente presque 12 jours sur l'année. Sur environ 26 ou 27 jours dont mes enfants ont eu besoin (je ne compte pas ceux où je les ai mis en garde quand même).

    Mais sur ces 12 journées, 5 en tout était pour maladie pour moi, et pourtant, j'ai un médecin qui bosse alors qu'elle a 3 enfants, et qui n'arrête jamais jamais (je n'ai même pas eu le congé patho pour la première), c'est dire l'état dans lequel elle m'a trouvé.

    Et dont 2 jours où nounou était malade, c'est elle qui a refilé la gastro à tout le monde, et qui n'a pas demandé de certificat médical en plus, ce qui fait que non, je n'ai pas été payée sur ces deux-jours là... c'est un choix, n'est-ce pas, de ne pas bosser alors ?

    Bien, jusque là on objectera que j'ai effectivement été absente.

    Mais : je l'ai dit, j'ai mis mes enfants malades à l'école et en crèche. Pauvres zouzous.

    Mais, en moins de 6 mois, nous avons perdu ma belle-mère, une de mes belle-soeurs a fait un AVC, une autre une récidive de cancer, un autre a eu une opération grave et importante, mes parents malgré toutes leurs activités auraient bien eu besoin qu'on vienne leur tenir la main un peu car l'heure des problèmes de santé a sonné (diabète, pbs cardiaques, hypertension et cie), et je passe d'autres petits soucis autour de moi, mais à tous ces gens-là nous n'avons pas donné une seule journée hélas.

    Mais, je suis allée bossée trois fois avec une laryngite (plus de voix, sympa), et le dernier mois avec ma cheville foulée.

    Mais j'ai passé des semaines avec des nuits de 2 ou 3 h de sommeil, parfois 4 jours d'affilée, et j'étais au boulot le matin quand même.

    Mais la nounou nous a lâché, (justement parce qu'elle ne s'en sortait pas à courir tout le temps ^^, ironie !), il a fallu courir encore plus et tout réorganiser, et je n'ai pas loupé une journée à cause de tous ces changements.

    Mais nous avons été en panne de voiture deux fois, et l'homme a fait des concessions terribles sur ses horaires de boulot, forcément repayées ensuite au prix fort, pour que je sois au boulot.

    Mais surtout, il n'y a pas eu une seule journée pendant les vacances de février, et celles de Pâques, où je n'ai pas eu au moins un rv médical, pour les zouzous, pour moi, justement parce qu'il n'y a plus un seul spécialiste qui consulte le mercredi en milieu d'aprem, seul moment de libre. Mais, je suis en vacances depuis moins d'une semaine, et je suis déjà à 3 rv que je n'ai pas pu caser avant. Et il y en a autant la semaine prochaine.

    J'ajouterais qu'en janvier et février, j'ai bossé pour environ 300 euros par mois. Worth it, no ?

    Alors oui, une "jeune" maman est absente. C'est le lot commun. Et le "jeune" papa l'a été tout autant. Et les "jeunes" grand-parents. Et tatas. Et tout.

    J'ai juste envie de signaler gentiment à ceux qui font des remarques stupides, qu'eux auront une retraite en partie grâce aux absences des mamans et à la survie de leurs bambins.Que si leur propre mère/père ne l'avait pas fait, ils ne seraient peut-êtr epas là pour en parler.

    Que ce que m'apportent mes zouzous est rendu au centuple dans mon boulot.

    Et que ne pas savoir s'adapter à ce type de contingences dans l'organisation du travail n'est ni une preuve de bon sens,  ni une preuve de ses capacités de management.

    Et détail non sans importance, c'est encore moi qui m'adapte en passant à 75 % (de salaire aussi), pour deux raisons seulement : tenter de sauver au moins un matin pour mes enfants debout avant la plupart de mes chefs et collègues quand même, et adapter mon poste moi-même là où on arguait que c'était fait. Cela ne nous arrange pas plus que ça de devoir pallier les manques sur nos ressources propres. C'est comme ça. Et pour ne pas perturber la bonne vie des autres, j'ai tenté de partir faire ces 75 % ailleurs, tant les contraintes horaires risquaient de bloquer là où je suis. Cela n'a pas marché. C'est comme ça.

    C'est juste ça : une "jeune" maman ne demande pas un traitement de faveur. Juste son tour pour plus de compréhension, et d'adaptation. C'est toujours à charge de revanche, et en général, petit cliché au passage, elle devient tellement organisée et capable de tout faire en même temps, qu'elle est ensuite prête à tout pour rendre la pareille avec des compétences développées dans ces domaines. J'exagère à peine. On culpabilise forcément quand on lâche sur quelque chose. On se rattrape toujours.

    Et un enfant n'est en bas âge qu'un instant.

     

     

     

     

     

     

     

     


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  • Commentaires

    1
    Samedi 28 Juillet 2012 à 23:04

    c'est vrai que le temps passe vite sur nos enfants, encore plus que sur nous, à peine arrivés, on les voit repartir... l'enfance est si courte...

    2
    Dimanche 29 Juillet 2012 à 19:53

    ah oui tu m'étonnes... à voir les bêtises que le second commence à faire avec la première, on regrette déjà l'âge où il ne faisait que manger, dormir, et caca ;-)

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